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Voici une notion que l’on invoque que négativement. La laideur serait le contraire de la beauté. Mais que se passe-t-il si on tente de l’interroger pour elle-même sans la cantonner à son rôle d’antonyme ?
Eh bien pas mal de choses. Des choses frappantes que le philosophe Raphaël Enthoven nous révèle dans un entretien sur Arte avec Gwenaëlle Aubry, philosophe également et auteur d’une anthologie intitulée
Si il est vrai que l’art occidental est un redoublement de la beauté physique, n’est-ce pas pour conjurer quelque chose que le terrifiant de la réalité dont la laideur serait un signe ?
Fabrication de la régularité, l’esthétique dans l’art désignerait donc la laideur comme ce qui est dissymétrique.
Or, la figure initiale de la philosophie, Socrate, qui est laid( c’est l’auto présentation de soi comme Silène) crée justement un ordre de la rigueur, de la rationalité qui serait le concept ou l’idée.
Bien au contraire du fait admis, il nous dit par là que la laideur a justement pour vocation d’inciter à se déprendre de l’attraction du beau qui voile ce qu’il y a vraiment à comprendre de la nature des choses.
La laideur serait un appel à l’être. Ainsi les écoutants du philosophe seraient obligés de se concentrer sur autre chose que ce qui d’habitude nous fige : la beauté.
Mais ce nouveau regard sur la laideur résiste t-il à notre époque ? Celle de la nudité, des formes mises en avant, des Selfies, de la chirurgie plastique ? C’est-à-dire précisément cette époque qui plus qu’aucun autre avant nous dit que la théorie d’un monde plus intéressant de l’être derrière l’apparence est une bêtise.
Et donc qu’en un sens, ce qui est important, c’est la beauté. Est-ce si sûr ? Je crois en réalité que notre monde quoi qu’il en dise aime surtout la normalité. Et par normalité j’entends une sorte d’adhésion à un équilibre esthétique qui serait la représentation de l’admissible physique.
Ainsi la récurrente sollicitation aux chirurgiens et aux agences de tourisme esthétique serait une volonté de gommer ce qui sort de l’admissible et donc de nous y faire accéder.
C’est la bosse qu’on râpe, le menton qu’on allonge ou qu’on raccourcit, ce sont les yeux qu’on agrandit ou les narines que l’on adoucit.
Toutes actions qui sont de l’ordre mathématique, c’est-à-dire de la mesure et donc du mesurable.
A suivre….

